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SomDoCor

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Trois mouvements pour une émotion partagée

Composée en 2020 par Antonio Fruscella, SomDoCor s’inscrit dans la continuité de l’écriture sensible et profondément humaine du compositeur italien. Son titre énigmatique, contraction suggestive de som (son), do (donner) et cor (cœur), annonce d’emblée l’intention de l’œuvre : offrir un espace où la musique devient langage de l’âme, vecteur d’émotions et de partage. Conçue pour piano, violoncelle et voix, la pièce déploie son discours en trois mouvements contrastés – Valse, Évocation et Danse – qui tracent une véritable trajectoire émotionnelle.

Une œuvre à l'affiche du concert d'Antonio Fruscella

Détails

Le premier mouvement, Valse, ouvre l’œuvre avec une grâce nostalgique. Loin d’une simple danse de salon, Fruscella en fait un territoire intime, presque introspectif. Les mesures ternaires s’animent d’un balancement délicat, mêlant élégance classique et touches harmoniques contemporaines. Ici, le piano installe un tapis sonore fluide sur lequel le violoncelle déroule une ligne mélodique souple et expressive, bientôt rejointe par la voix, qui apporte à l’ensemble une dimension presque narrative. Cette valse n’invite pas tant à la danse qu’à l’écoute intérieure.

Le second mouvement, Évocation, constitue le cœur émotionnel de SomDoCor. Plus libre dans sa forme, il s’apparente à une méditation sonore, où chaque note semble suspendue dans le temps. L’écriture se fait ici plus dépouillée, plus retenue, comme pour laisser affleurer l’indicible. Fruscella explore la richesse expressive du timbre du violoncelle, souvent en dialogue intime avec la voix, tandis que le piano sculpte l’espace avec des harmonies subtiles. Cette partie agit comme une parenthèse contemplative, un moment d’introspection profonde où la musique effleure le silence.

Avec le troisième mouvement, Danse, l’œuvre retrouve l’élan du mouvement et de la vitalité. Plus rythmée, plus contrastée, cette section puise son énergie dans un jeu d’échanges vifs entre les trois instruments. L’écriture se densifie, les motifs s’entrelacent dans une dynamique quasi théâtrale, comme si la musique elle-même prenait corps et se mettait à dialoguer avec le monde extérieur. Après l’intériorité de l’Évocation, cette Danse agit comme une libération, une célébration de l’élan vital.

À travers SomDoCor, Antonio Fruscella signe une œuvre profondément personnelle, où chaque mouvement explore une facette de l’expérience humaine : la mémoire, le rêve et la joie. Cette trilogie sensible révèle tout l’art d’un compositeur qui sait marier rigueur formelle et intensité émotionnelle, pour faire de la musique un espace de résonance partagée entre interprètes et auditeurs.

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